Test – Metal Gear Solid V Ground Zeroes (PS3)

Test - Metal Gear Solid V Ground Zeroes (PS3) (1)

Franchise que j’aime beaucoup, Metal Gear revient sur le devant de la scène avec un Metal Gear Solid V Ground Zeroes, un jeu stand alone présenté comme le trait d’union scénaristique qui relie Metal Gear Solid Peace Walker et le futur Metal Gear Solid V The Phantom Pain. Déjà copieusement hué par la critique (à quelques rares exceptions près), tout cet acharnement médiatique est-il justifié ?

Le retour du roi

Hideo Kojima est devenu une figure incontournable du jeu vidéo, notamment d’infiltration. Le Japonais signe ici son arrivée sur la nouvelle génération de console en proposant le titre sur PS4 et Xbox One en plus de l’actuelle génération. Ce n’est une surprise pour personne, le producteur s’inspire fortement des codes du cinéma pour parfaire ses jeux. Et contrairement à d’autres cinéastes refoulés, Hideo Kojima n’oublie pas l’importance du gameplay pour autant.

Et justement, Metal Gear Solid V Ground Zeroes brille par ce gameplay qui conjugue à merveille l’infiltration et les phases d’actions. L’équilibre est idéal entre ces deux approches, si bien qu’il vous sera possible de choisir l’une autre l’autre et d’en changer en cours de route (ce qui n’est pas sans engendrer quelques incohérences dans le comportement des gardes). Après avoir joué à un Thief dans lequel on peut gambader librement sous le nez de gardes myopes sans rien craindre, tant qu’on reste dans l’ombre, le changement est radical. La preuve, s’il en fallait une, que Kojima maîtrise son sujet.

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Une réalisation presque au top, mais une certaine perte d’ambiance

Un des points les plus décevants du jeu, c’est la perte des repères que j’ai eu face aux précédents épisodes. La direction artistique semble avoir quelque peu changée. L’ambiance politique et épique ne se ressent plus vraiment, peut-être à cause du manque de temps. En effet, le jeu trop court ne permet pas de poser de bonnes bases pour le joueur ou la joueuse et l’impliquer dans un scénario tentaculaire. De même, l’aspect sonore a été légèrement retravaillé, changeant légèrement les sons si caractéristiques de la licence. C’est peu, mais ça se sent et ça s’entend.

En revanche, la qualité des cinématiques est tout simplement stupéfiante. Une maîtrise point par point des codes des scènes d’actions, donnant un rendu réaliste sensationnel et bluffant. Les longs plans en continu ajoutent une immersion incroyable.

Il faut également faire honneur à une réalisation vraiment bonne. Certes, le jeu est plus beau dans la mission principale qui se déroule de nuit et sous la pluie, car elle permet de juger convenablement les jeux de lumières et autres effets de reflets, mais cela reste tout de même très bon pour de la Playstation 3.

Autre chose négative dans le jeu : la gestion des checkpoints. Ils sont automatiques et ne permettent pas de maîtriser la manière dont vous souhaitez aborder le jeu. Si vous allez tenter d’explorer une zone puis que vous vous retrouvez pris-e au piège à cause d’une erreur de votre part, si une sauvegarde automatique a eu lieu entre temps, vous êtes foutu-e. J’ai même failli devoir recommencer le jeu en sauvant la deuxième cible car je m’étais trompé de direction et emmanché dans un endroit extrêmement dangereux. Une gestion manuelle des sauvegardes eu été préférable, même si le système actuel ajoute du réalisme.

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La durée de vie : le cœur du problème

Toute la critique négative que j’ai pu lire s’est concentrée sur la durée de vie honteuse du jeu. Il est vrai que la trame principale de Metal Gear Solid V Ground Zeroes ne se résume qu’à une seule mission où il faut sauver deux cibles (+ des prisonniers si le cœur vous en dit). Le jeu vous proposera de nouvelles missions secondaires une fois la principale terminée, mais toujours dans le même endroit. On sent alors très clairement le remplissage : sauver un otage ou tuer deux marines sans que cela n’ait de lien direct avec la trame du jeu, j’appelle ça de la durée de vie artificiellement gonflée. Et je ne parle pas des neufs PUTAINS D’ÉCUSSONS qu’il faut trouver pour débloquer une nouvelle mission. Si je voulais me faire traire par un éditeur, j’aurais acheté la panoplie complète des costumes de Lightning Returns.

Des jeux courts qui sont bons, il y en a des tonnes. Sur mon blog, j’ai notamment testé The Unfinished Swan et Rain qui sont tous deux pourtant très bons. La différence, c’est surtout qu’ils ne coûtent que 12,99 € chacun, et sont réussis sur presque tous les points, là où Metal Gear Solid V Ground Zeroes se plante sur l’ambiance et sur la richesse narrative. Et même si je ne suis pas du genre à corréler la qualité d’un jeu à sa durée de vie (tout comme je ne le fais pas avec la qualité graphique), il faut raison garder et accepter de reconnaître que le prix ne fait pas honneur au contenu.

Même si l’on prend plaisir à refaire le jeu pour obtenir un meilleur score d’infiltration, ne résumer ce « prologue » qu’a une mission qui ne relie que très brièvement les deux épisodes canoniques de la série est vraiment culoté, surtout pour 30 euros. Metal Gear Solid V Ground Zeroes n’est pas non plus le jeu qui vous plongera dans un scénario riche et complexe. Il ne me paraît pas être un achat évident dans la mesure où il ressemble bien plus à une démo d’une seule mission qu’à un prologue. Heureusement que le gameplay et la réalisation sauvent l’honneur.

#4 Moyen (cliquez pour avoir des informations sur l’échelle de notation)