Test – Triangle Strategy (Nintendo Switch)

Après avoir galéré comme pas possible sur Shin Megami Tensei Devil Survivor 2 sur Nintendo 3DS (et ne l’ayant toujours pas terminé tant la difficulté est honteusement trop aléatoire), les tacticals me manquaient un peu. J’avais fait la première démo de Triangle Strategy il y a quelques mois, et je me disais que ce n’était pas trop pour moi, malgré les qualités indéniables du titre. Le problème venait probablement du contenu même de cette démo, qui se contentait de présenter simplement le système de combat, sans aller trop loin dans les ramifications de l’histoire. La seconde démo en revanche m’a totalement convaincu, au point de foncer à la Fnac m’acheter le jeu complet, dès le lendemain. Elle contenait les trois premiers chapitres du jeu, et m’a alors permis d’apprécier le scénario et les combats à leur juste valeur. J’ai alors tout de suite compris à quel point Triangle Strategy était un jeu très narratif et au système de combat tactique très efficace. Petit retour sur mon expérience.

La narration au cœur de Triangle Strategy

On pourrait croire que seul le système de combat est le cœur de Triangle Strategy. Il l’est sans doute, mais la place écrasante laissée à la narration transforme le titre en un véritable récit passionnant, dépeignant une guerre de territoire pour le contrôle d’une ressource vitale : le sel, sur fond de tensions culturelles, politiques, le tout parsemé de trahison et autres joyeusetés.

Le territoire de Norzélia est partagé par trois grands royaumes :

  • Au nord, Aesfrost, dont les dirigeants semblent aussi froids que la météo des terres qu’ils habitent.
  • Glenbrook au sud, une terre relativement équilibrée d’où est issu le personnage principal que nous suivront : Serenor.
  • Hyzante, à l’est, une cité fortifiée construite autour de marais salants. Sel qui est l’une des ressources vitales de Norzélia.

Pour tenter d’apaiser les tensions, un mariage de convenance aura lieu et le projet d’ouvrir une mine commune aux trois royaumes est sur les rails. Bien évidemment, rien ne se passera comme prévu, et je ne vous en dirais pas davantage pour ne pas vous gâcher la surprise.

Les mécaniques de progression narrative

Pour raconter son histoire, Triangle Strategy découpe son scénario en de longues séquences de cinématiques, qui seront ponctuées de combats. Chaque chapitre contient un combat, et chaque chapitre dure environ une heure. Pour permettre à la narration de captiver l’audience, le mode de défilement automatique est présent lors des cinématiques, et c’est vraiment le bienvenu : vous pouvez poser la manette et laisser le jeu vous dire ce qu’il a à vous dire. Il est même possible d’appuyer sur X lorsqu’un personnage important scénaristiquement parlant à la parole afin d’avoir une rapide description sur qui il ou elle est. Notez que le rythme est très soutenu et avec absolument aucun temps mort.

Parfois, des séquences d’investigation auront lieu. Elles permettent de errer librement dans l’endroit où vous serez, afin de discuter avec la population, acheter des produits etc. C’est également pendant ces moments que vous pourrez récolter des informations qui pourraient être utiles lors de phases de votes.

Le vote est une étape importante dans Triangle Strategy car son issu décidera où vous irez et ce que vous ferez. Il impliquera tous vos compagnons principaux (pas les recrutés), et vous devrez vous plier à la majorité, même si ce n’est pas ce que vous souhaitez. C’est dans des phases de persuasion, juste avant chaque vote, que vous pourrez tenter de convaincre vos camarades, notamment en utilisant les informations obtenues lors des phases d’investigation.

Les séquences d’investigation, les votes et d’autres faits et gestes que je ne vous dévoilerais pas pour ne rien vous gâcher, auront un impact sur votre « conviction », une sorte de niveau parallèle de votre personnage mais qui est lié à l’avancement du jeu. Selon votre niveau de conviction (et selon de quelle conviction il s’agit, mais ça, je ne peux pas trop en dévoiler pour ne rien spoiler), certaines possibilités s’ouvriront à vous : recruter de nouveaux personnages ou encore débloquer des « intrigues secondaires » (des scénettes scénaristiques sur vos personnages).

L’histoire n’est pas vraiment linéaire. Même si ça ne sera qu’à partir d’un certain chapitre que vos choix auront un impact définitif sur la fin (le jeu vous le dira clairement juste avant, pas de panique), chaque phase de vote vous fera partir dans une branche de l’arbre du scénario (que vous pourrez consulter dans le campement ou dans le menu). Et selon la route que vous prendrez, certains personnages secondaires qui peuvent être recrutés ne le seront pas et seront définitivement « perdus ».

Un système de combat imparable

Le deuxième cœur de Triangle Strategy, c’est bien évidemment son système de combat. En bon tactical, les batailles seront donc instanciées sur un terrain relativement petit mais à l’agencement travaillé afin d’offrir de nombreuses possibilités quant à vos positions et déplacements. La verticalité sera au programme, et il faudra bien faire attention à votre environnement pour ne pas vous retrouver isolé/isolée ou pire : en danger.

Les bases sont assez classiques : vous avez un nombre précis de personnages à votre disposition que vous pouvez placer sur le terrain avant de démarrer le combat (ce nombre peut varier selon les combats), et les ennemis sont souvent également connus d’avance, mais il arrivera que des vagues de ces derniers arrivent régulièrement, rendant la tâche plus délicate. Dans tous les cas, en bas de l’écran se situera une ligne temporelle vous indiquant qui aura le prochain tour, ce qui vous permettra alors d’anticiper vos action du mieux que vous le pourrez ou de visualiser les modifications d’ordre que vous provoquerez grâce à vos sorts.

Chacun de vos déplacement sera régi par un nombre maximum de cases que vous pourrez parcourir, indiquant au passage celles où vous serez à l’abris des attaques ennemis (bleues), et celles sur lesquelles vous serez à portée des armes de vos adversaires (roses). S’en suivra alors une action que vous choisirez, et le tour de votre personnage actif s’achèvera par l’orientation à lui donner : par exemple, il sera judicieux de ne pas laisser votre dos à la portée de l’ennemi car une attaque par derrière assure un coup critique, ou bien encore il s’agira d’éviter de vous retrouver ou de rester entre deux ennemis car une attaque ne tenaille fera attaquer les deux ennemis qui vous entourent, et pas uniquement l’ennemi actif. Notez que ces deux stratégies valent aussi pour vous : profitez-en !

Notez que chaque sorts ou techniques spéciales demandera des points de talents. Ces points de talents se régénèrent une fois par tour du personnage. Pas de mana à gérer donc, mais un timing pour recharger la jauge de vos points de technique.

Chacun de vos personnages aura des spécificités qui lui seront propres, assurant ainsi un rôle très précis au sein de votre équipe. Plus vous avancerez dans l’aventure, plus de nouveaux alliés viendront se joindre à votre cause, apportant chacune et chacun leurs compétences de combats, parfois très bienvenues. Quelque part, cela ajoutera de la difficulté au jeu puisque vous aurez davantage de talents à votre disposition et que vous serez tentés et tentées de modifier vos stratégies, au risque de vous y perdre.

Niveau difficulté justement, vous serez toujours à la traine par rapport à l’histoire, ou presque. Cela est dû à la construction des combats : chaque chapitre n’a qu’un seul combat, qui fait office de « boss de fin ». D’ordinaire, dans un jeu classique, les donjons dans lequel on entre sont remplis de monstres aléatoires qui, en les terrassant, vous donneront de l’expérience suffisante pour être au niveau face au boss de fin. Dans Triangle Strategy, ces combats aléatoires n’existent pas : c’est au campement que vous pourrez faire des combats d’entrainement, permettant de travailler les bases du combat tout en gagnant de l’expérience et des objets/argent.

En dehors de cela, lorsque vous perdrez un combat de l’histoire principal, vous aurez la possibilité de le recommencer, sans perdre ni expérience ni niveau acquis. Seuls les butins seront perdus. Une fonctionnalité très bienvenue car, comme je le disais pour Devil Survivor 2 sur Twitter, cela permet de joindre l’utile à l’agréable : vous vous entrainez sur un combat réel tout en augmentant le niveaux de vos personnages. D’une manière générale, le jeu vous forcera à adopter les différentes stratégies qui s’offrent à vous : gestion du dénivelé du terrain, de sa modification possible (gel, feu, pluie), de l’attaque en tenaille, de l’anticipation du placement etc. Les objets seront eux aussi très importants puisqu’ils peuvent rapidement vous soigner ou avoir un effet offensif intéressant.

Rarement à mon sens les altération d’état auront été si importants. Outre la valeur sûre du poison qui reste selon moi un must-have dans bon nombre de jeux, l’immobilisation, la paralysie ou encore l’aveuglement de vos ennemis seront à privilégier. En effet, quoi de mieux que d’immobiliser un ennemi pendant trois tour dans une case enflammée ? Quelle cruauté ! Cela vous permettra de vous concentrer sur les autres pendants qu’ils perdra de la vie à petit feu. Et quand on sait que vous serez en infériorité numériques sur certains combats, ce ne sera pas du luxe ! Vous pouvez également aussi mettre un bouclier de flamme de Frederica sur Erador et faire que ce dernier mettent en colère les ennemis autour de lui : ainsi, lors que ces dernier l’attaqueront, Erador ripostera systématiquement par une attaque élémentaire de feu. Pratique pour gagner du temps.

Je vous ai parlé de terrain enflammé, c’est parce que le terrain est en effet modifiable selon certaines conditions. Lorsque vous passerez le curseur sur une case, vous saurez ce qu’il est possible d’y faire. Mais d’une manière générale, un terrain herbeux pourra être enflammé. Un terrain gelé (soit naturellement, soit parce que vous aurez utilisé un sort de glace) diminue la précision lorsqu’on s’y trouve et peut être fondu par un sort de feu, créant ainsi de l’eau qui va amplifier les dégâts de foudre. Vous voyez le concept.

Comment évoluent vos personnages ?

L’un des points qu’il ne faut pas négliger dans Triangle Strategy, c’est celui de l’évolution de ses personnages. Si pendant les 9 premiers chapitres on peut avancer tranquillement dans les combats, la suite va se corser. En effet, le jeu vous forcera à faire des escarmouches dans le campement puisque le niveau recommandé du combat du prochain chapitre sera plus élevé que celui que vous aurez. Mais il ne s’agira pas simplement de monter de niveau : il faudra aussi collecter des ressources ou de l’argent pour acheter des ressources qui permettront de faire évoluer vos armes et statistiques.

Chaque personne ne possède qu’une seule arme qui peut être améliorée deux fois. Pour chaque amélioration, de nouvelles améliorations seront déblocables : dégâts de l’arme, mais aussi points de vie, précision, agilité, dégât de tel élément etc. Le troisième niveau d’arme permet également de débloquer une nouvelle attaque. Il faudra alors optimiser vos personnages pour les rendre bien plus puissants en peu de temps.

Autre amélioration de personnage : son rang. Régulièrement dans le jeu, ou bien via un marchand dans le campement, vous récolterez des objets permettant de faire grimper votre rang de personnage. Chaque rang augmente vos statistiques mais permet aussi d’accéder à de nouvelles attaques.

Outre les armes, il sera possible d’équiper vos protagonistes de deux anneaux, conférents une amélioration ou un effet spécial. Plus vous avancerez dans l’histoire, plus vous débloquerez des anneaux puissants.

Enfin, j’avais négligé les « atouts » en début de jeu, mais ils s’avèrent quasi indispensables à partir d’un certain moment. Ces atouts sont des capacités spéciales que vous pouvez activer en plein combat selon deux conditions : avoir suffisamment de point d’atout (chaque atout coûte un nombre de point) et vous ne pouvez pas utiliser deux fois le même atout au sein d’un même combat. Ces atouts auront des effets variés : guérir un personnage, donner le tour à un de vos protagonistes, lui donner des points de technique etc.

Quels défauts ?

Je vais être clair tout de suite : Triangle Strategy a très peu de défaut. Je pourrais dire que la prise en main de l’interface est un peu délicate et que les phases de « liberté » dans le jeu sont sous-exploitées, mais ce n’est selon moi qu’une détail qui ne dessert pas le jeu.

Je pourrais aussi, souligner deux choses qui m’ont surpris, voire déçu : le nom des personnages diffère entre l’anglais et le français : pourquoi ? Il en va de même avec la traduction française qui n’est pas toujours littérale par rapport aux doublages anglais. Mais il faudrait voir qui à raison : l’anglais ou le français ?

Enfin, il est peut-être dommage de voir que les personnages ne sont pas si profond qu’on aurait espéré. La faute sûrement à leur grand nombre qui force à se concentrer sur l’essentiel afin de ne pas se perdre.

Véritable surprise qui m’a tenu en haleine pendant 42 heures, Triangle Strategy est un excellent Tactical RPG qui plaira aux nostalgiques mais saura également accueillir les novices dans ce système de combat à la réputation si froide et inaccessible. Une histoire très bien rythmée, un système de combat maîtrisé de bout en bout, une construction scénaristique audacieuse… Il n’est pas exempt de défauts, mais il reste difficile de trouver quoi que ce soit à redire sur ce petit bijou qui, dans son genre et à mon sens, est indispensable.

Article réalisé à partir d’un exemplaire commercial

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#2 Très bon (cliquez pour avoir des informations sur l’échelle de notation)