Test – Until Dawn (PS4)

Les jeux d’horreur ont le vent en poupe auprès des YouTubeurs. Il faut dire que c’est peut-être le genre de vidéos qui, en « Face Commentary », sont les plus fun à regarder, si tant est que le jeu est bon. Lorsque j’étais jeune, j’étais incapable de jouer à Resident Evil sur PlayStation car j’avais trop peur de sursauter, mais surtout de me retrouver à cours de munition et de me faire dévorer. L’angoisse. Je me souviens avec émotion de mes parties d’Outlast, très récemment, où j’ai finalement de nouveau pris goût à ses jeux qui aujourd’hui ne me font plus peur. Et toute cette évolution m’a permis de pouvoir jouer à Alien Isolation, un jeu dont les qualités de communication de l’angoisse sont telles que je serais vraiment passé à côté d’un excellent jeu si j’étais encore incapable de faire ce genre de jeux.

Until Dawn est presque surgit de nulle part et vous propose de plonger dans une expérience similaire de jeu d’horreur. L’histoire est parfaite : une bande de jeunes totalement cliché retournent dans la maison où ils vont annuellement, tel un rituel, sauf que l’an passé, la fête s’était soldée par un drame. Mais bon, il faut combattre le mal par le mal, non ? Un scénario digne des pires films d’horreur américains des années 1990, ce qui me faisait grandement peur au début.

Si du point de vue du scénario, le jeu n’est qu’une succession de clichés et de rebondissements tous plus grossiers et improbables les uns que les autres, on en arrive à se demander si ce n’est pas volontaire. On en viendrait même à croire que c’est totalement assumé. Cependant, la réalisation plus que soigné d’Until Dawn pousse le joueur et la joueuse à vouloir aller plus loin dans l’histoire, d’autant plus que le rythme haletant de cette dernière la rend limite addictive. Je me suis surpris à vouloir continuer à jouer encore et encore après chaque étape clé.

« Quoi de plus stressant que de devoir prendre la bonne décision dans un temps très court sans se rater ? »

En fait cette addiction est due à l’habile maîtrise de la narration. Si elle est courante dans les films et les séries, elle l’est moins dans les jeux vidéo. En effet, tous les personnages principaux de l’histoire seront jouables à un moment, et le jeu vous fera passer de l’un-e à l’autre très régulièrement. Ainsi, impossible de s’ennuyer avec un protagoniste que vous ne pourriez pas encadrer. L’inconvénient, c’est qu’il sera alors difficile de s’attacher à eux.

Le jeu se contente se joue à la troisième personne, et la caméra est à plan fixe (ou semi-fixes). Ça ne vous rappelle rien ? Resident Evil, bien sûr. L’angoisse et la crainte provoquées par Until Dawn sont donc renforcées et mises à en scène d’une manière générale par cette technique de cadrage. Cela aide même le studio de développement à tromper ou faire hésiter le joueur et la joueuse dans le chemin à prendre. Si plusieurs routes sembleront s’offrir à vous à un moment donné, vous verrez qu’au final il n’en n’est rien, mais il vous faudra faire attention à revenir en arrière pour explorer d’éventuelles pièces oubliées, faute de quoi vous passerez à côté de certains indices importants pour la compréhension de l’énigme globale. Pensez également à lire les papiers trouvées, cela vous donnera encore une fois un bon aperçu du contexte et de ce qui se trame dans cette région.

Cette sensation oppressante est aussi le fait du gameplay basé en grande partie sur les QTE. C’est peut-être détestable et excluant comme manière de jouer, mais dans le cadre de ce jeu, ça devient un véritable élément jouant en la faveur de l’effet voulu par le studio. Quoi de plus stressant que de devoir prendre la bonne décision dans un temps très court, en appuyant sur un bouton précis sans se rater ?

Until Dawn vous met également face à des choix difficiles, où les conséquences pourraient mener à la mort d’un de vos camarades. Faites donc attention aux choix que vous ferez et tâchez de bien réfléchir avant de vous jeter dans la gueule du loup. Vous trouverez régulièrement par terre des totems vous donnant accès à une vision. Cette dernière pourra laisser présager une bonne chose, un conseil, ou encore un drame à venir. Généralement, la courte vision vous permettra de situer à peu près la scène à venir afin de pouvoir la reconnaître le moment voulu. Mais encore vous faudra-t-être vigilant-e lorsque ce moment clé se présentera à vous !

« Les expressions des visages sont plus vraies que nature »

Graphiquement, le jeu peut se targuer d’être plutôt réussi en ce qui concerne la modélisation des personnages, et surtout de leur visage. Ceux-ci sont ultra-réalistes, et même parfois trop dans leurs animations. Les expressions, tiques et manies sont plus vraies que nature mais sont parfois exagérées (sourire improbables, expressions top peu crédibles etc.). Leurs corps sont réussis même s’ils paraissent un poil trop rigide.

Les environnements d’Until Dawn sont eux aussi de bonne facture, avec un certain souci du détail et une variété dans leur conception. On regrettera un manque de « vie » dans ces décors qui ne bougent presque jamais. L’ambiance générale est nocturne et abandonnée, avec tout ce que ça engendre comme conséquences : humidité, rouille, éléments d’un autre temps, nature qui reprend ses droits etc. Toutes ces petites choses contribuent à accentuer l’inquiétude à chaque coin de couloir, avec une atmosphère toujours pesante.

Malgré un scénario et des protagonistes clichés à en mourir, Until Dawn surprend par une réalisation soignée et un rythme haletant vous donnant envie d’aller plus loin. Si le titre de Supermassive Games ne brille jamais, il a au moins le mérite de proposer un jeu plus qu’honnête sur un créneau aujourd’hui dirigé par les indépendants. Si vous aimez les jeux d’horreur, celui-ci est à faire, assurément.

#3 - Bon (cliquez pour avoir des informations sur l’échelle de notation)